Tenosynovite/tendinite du tendon du biceps chez le chien


POINTS CLÉS

Introduction
Chez le chien, la santé musculo-squelettique est essentielle à sa qualité de vie. Parmi les affections articulaires qui entravent sa mobilité, la ténosynovite bicipitale se révèle particulièrement insidieuse. Fréquente chez les chiens actifs de taille moyenne à grande, cette pathologie inflammatoire affecte le tendon du muscle biceps brachial, situé dans l’épaule. Comme une corde usée par le frottement incessant dans une gorge trop étroite, ce tendon peut souffrir jusqu’à la rupture si l’affection n’est pas détectée et prise en charge à temps.

Origine et mécanisme de la ténosynovite bicipitale
Le biceps brachial prend naissance à l’extrémité supérieure de l’omoplate, traverse une « coulisse » dans l’humérus (la coulisse bicipitale), et vient s’insérer près du coude. Ce trajet, bien que naturel, peut devenir problématique lorsque des microtraumatismes répétés viennent fragiliser la structure du tendon.
Les chiens sportifs ou très actifs sont particulièrement à risque. Sous l’effet d’un stress mécanique prolongé ou d’un traumatisme aigu, le tendon s’enflamme. L’inflammation chronique peut évoluer vers la fibrose, la formation d’adhérences, et même une calcification, conséquence directe d’une vascularisation perturbée. Ce processus, comparable à une chaussure trop serrée qui entrave la circulation, nuit à l’apport en oxygène et favorise la dégénérescence tissulaire.
Signes cliniques : quand s’alarmer ?
La ténosynovite bicipitale se manifeste souvent par une boiterie du membre antérieur, discrète au départ, mais qui s’intensifie avec l’effort. La douleur est typiquement localisée à la flexion de l’épaule et l’extension du coude, gestes simples mais révélateurs lors de l’examen clinique et lors d'une pression du tendon simultanée.
Certains chiens présentent également une atrophie musculaire visible, notamment au niveau des muscles sus- et sous-épineux, comme si leur épaule « fondait » à cause du déséquilibre fonctionnel. La douleur peut être mise en évidence à la palpation du tendon, souvent très sensible.
Diagnostic : précision et imagerie
Le diagnostic repose sur un faisceau d’indices : historique de boiterie, examen orthopédique, et surtout, imagerie médicale. La radiographie peut montrer des signes indirects comme une calcification ou une arthrose secondaire, mais elle manque souvent de finesse.
L’échographie musculo-tendineuse, plus sensible, permet de visualiser un épanchement ou des irrégularités de la gaine tendineuse, à condition d’être réalisée par un opérateur expérimenté. Toutefois, c’est l’arthroscopie qui constitue aujourd’hui l’examen de référence. Elle permet une visualisation directe du tendon, une évaluation fine de son état, et peut être réalisée dans un but diagnostique mais aussi thérapeutique.

Echographie tendineuse

Scanner mettant en évidence une modification tendineuse ainsi qu'une prolifération osseuse

Arthroscopie : inflammation du tendon

Arthroscopie : inflammation du tendon

Ténotomie du tendon du biceps
Traitements disponibles : du repos à la chirurgie
Le traitement débute généralement par une approche conservatrice : repos strict pendant 6 semaines, éviction de toute activité intense, et injection locale de concentré plaquettaire / ACP. Cette injection peut être suivie d’un traitement anti-inflammatoire oral. Une reprise progressive et contrôlée de l’activité est ensuite nécessaire pour éviter une fonte musculaire excessive.
En cas d’échec, le recours à la chirurgie mini-invasive par arthroscopie s’impose. Deux options existent : la ténotomie(section du tendon) et la ténodèse (transposition du tendon). La ténotomie sous arthroscopie est souvent privilégiée pour son efficacité, son faible taux de complications et sa récupération rapide.

Pronostic
Si le traitement conservateur peut suffire dans les cas précoces, son efficacité reste incertaine. En revanche, les chiens opérés par arthroscopie affichent un taux de succès supérieur à 85 %, avec une récupération fonctionnelle en quelques semaines à quelques mois selon la méthode choisie.
Conclusion
La ténosynovite bicipitale est une affection douloureuse, mais largement traitable si elle est identifiée à temps. Une écoute attentive des signes de douleur et une prise en charge vétérinaire rigoureuse sont les clés d’un retour à la normale. En médecine vétérinaire comme en mécanique, un petit frottement négligé peut devenir une casse majeure… mais une réparation bien conduite permet à l’animal de retrouver toute sa vigueur.