L’imagerie des tumeurs rénales chez le chien et le chat


POINTS CLÉS

Chez le chien, les métastases rénales sont plus fréquentes que les tumeurs rénales primaires qui représentent moins de 2% des tumeurs malignes. La plupart des tumeurs rénales sont malignes, et plus de la moitié d'entre elles sont d'origine épithéliale. La tumeur rénale la plus fréquente chez le chien est le carcinome. Les autres tumeurs rénales sont des carcinomes transitionnels, néphroblastomes, hémangiosarcomes, autre sarcomes et lymphomes.
Chez le chat, les tumeurs rénales épithéliales primaires sont rares. La tumeur rénale la plus fréquente dans cette espèce est le lymphome rénal, qui peut être primitif ou survenir dans un contexte de lymphome multicentrique.
Présentation et signes cliniques
Les signes cliniques sont non spécifiques. Lors de tumeur rénale, l’examen clinique peut révéler une masse abdominale ou une douleur en région rénale. Une anémie ou une polycythémie peuvent être présentes. Les changements biochimiques incluant une azotémie, une élévation des phosphatases alcalines ou une hypoalbuminémie, sont non-spécifiques.
Un syndrome dermatofibrose cutanée et cystadénocarcinome rénal existe chez les bergers allemands.
La radiographie
À la radiographie, une rénomégalie peut être observée, indiquant une masse rénale qui modifie l'architecture normale de l’abdomen. Cette rénomégalie peut être unilatérale ou bilatérale, et ses contours peuvent être réguliers ou irréguliers, en fonction du type de tumeur.
Une apparence radiographique normale des reins ne peut exclure une tumeur rénale ou urétérale.
L'urographie excrétrice, après injection de produit de contraste, peut également mettre en évidence des masses rénales, caractérisées par des défauts de remplissage.

Radiographies abdominales orthogonales mettant en évidence une rénomégalie gauche, chez un chien présentant un carcinome rénal primaire.
L’échographie abdominale
L'échographie est nécessaire pour différencier une atteinte parenchymateuse d'une atteinte du système collecteur lors de rénomégalie détectée à la radiographie.
Les tumeurs rénales primaires apparaissent souvent comme des masses bien vascularisées, complexes, altérant la structure rénale. Les hémangiosarcomes peuvent se présenter sous la forme de masses cavitaires.
Les lymphosarcomes se différencient des autres tumeurs car ils sont en général bilatéraux. Cependant, des nodules focaux ou multifocaux ont aussi été décrits chez le chien et le chat atteint de lymphosarcome rénal.
Le lymphome rénal félin, souvent bilatéral, se caractérise par une augmentation de la taille des reins avec des contours irréguliers et un cortex/parenchyme hyperéchogène. Un halo hypoéchogène périphérique, sous-capsulaire, est un signe évocateur du lymphome chez le chat, avec une valeur prédictive positive de près de 81 %. Chez le chat, le diagnostic différentiel de cette apparence échographique des reins inclut la PIF.

Coupes longitudinales du rein gauche avec une sonde micro-convexe (à gauche) et du rein droit avec une sonde linéaire (à droite) chez un chat atteint de lymphome rénal bilatéral, en échographie.
La tomodensitométrie
Une anomalie de forme, de taille, d'atténuation ou de prise de contraste des reins est bien visualisée en scanner, alors que leur évaluation échographique peut être difficile, notamment au niveau du pole crânial du rein droit chez les chiens de grand gabarit.
Une étude a révélé que l’échographie sous-estimait la présence de lésions rénales dans 50 % des cas, en particulier pour les nodules rénaux de petite taille. Le scanner est supérieur à l’échographie pour détecter ces lésions et permet également de mieux délimiter les tumeurs pour une prise en charge chirurgicale.
Cependant, il ne permet pas de différencier une tumeur rénale primaire de lésions métastatiques, ce qui nécessite des cytoponctions ou biopsies échoguidées, ou chirurgicales, pour un diagnostic de certitude.

Images scanner d’une tumeur rénale gauche primaire chez un chien, après injection de produit de contraste et reconstruction multiplanaire.
Les tumeurs rénales, bien que rares, représentent un défi diagnostique majeur en médecine vétérinaire, et présentent des caractéristiques spécifiques à chaque espèce. Leur détection précoce et leur gestion efficace dépendent d'une utilisation appropriée des différentes modalités d’imagerie. Un approche multidisciplinaire et le recours à des prélèvements tels que des cytoponctions ou biopsies pour confirmer le type de tumeur sont souvent nécessaires.