
Les corps étrangers migrants superficiels: Apport de la radiographie et de l’échographie


POINTS CLÉS

Les corps étrangers migrants superficiels, notamment végétaux tels que les épillets, morceaux de bois, épines ou brins d’herbe, sont fréquents chez les carnivores domestiques, en particulier chez le chien. Ils provoquent des lésions inflammatoires et infectieuses parfois sévères, surtout lorsqu’ils restent enkystés suite à une pénétration traumatique dans les tissus mous. Leur détection et leur extraction précoces sont cruciales pour éviter des complications graves.
Fréquence et localisation
Les épillets sont les plus fréquents. Leur forme acérée et leurs barbules orientées vers l’arrière favorisent leur pénétration cutanée et empêchent les mouvements rétrogrades, leur permettant de migrer vers diverses localisations.
Signes cliniques
Ces corps étrangers sont souvent suspectés chez des chiens jeunes adultes présentant:
- Un gonflement focal des tissus mous
- Une douleur localisée
- Une fistule ou plaie cutanée
- De la fièvre
Les chiens actifs, à poils longs, de travail ou de chasse sont particulièrement prédisposés.
Les examens d’imagerie
La radiographie
La radiographie est l’examen initial :
- Elle détecte les corps étrangers radio-opaques (verre, métal, minéraux)
- Les corps étrangers végétaux, souvent radiotransparents, peuvent parfois devenir visibles en cas de minéralisation chronique.
- Elle évalue l’extension des lésions (gonflement des tissus, lyse ou prolifération osseuse).
Une fistulographie peut être réalisée pour visualiser le trajet fistuleux, mais cette technique est souvent remplacée par l’échographie.
L’échographie
L’échographie est plus sensible et est considérée comme l’examen de choix pour les corps étrangers migrants superficiels dans les tissus mous.
Technique
- Utilisation de sondes micro-convexes ou linéaires à haute fréquence
- Exploration systématique de la zone tuméfiée et de ses environs
- Pression modérée pour éviter de masquer le corps étranger
- Suivi des trajets fistuleux si présents
Apparence échographique des corps étrangers
- Épillets : Structures fusiformes avec plusieurs interfaces hyperéchogènes, parfois en forme de cigare ou de plume. Les cônes d’ombre sont rares.
- Morceaux de bois : Structures linéaires hyperéchogènes avec cône d’ombre en présentation aiguë. Leur échogénicité diminue avec le temps.
- Brins d’herbe : Fines structures linéaires hyperéchogènes.
Lésions secondaires
- Lésions cavitaires créant un halo hypoéchogène ou anéchogène autour du corps étranger.
- Trajets fistuleux inflammatoires et infectieux dus à la migration.
- La vidange précoce des cavités doit être évitée avant l’examen.
Limites de l’échographie
- Dépendance au matériel et aux compétences de l’opérateur.
- Connaissance anatomique précise requise pour éviter les confusions (os sésamoïdes, os hyoïdes, etc.).
- Difficultés en présence de fibrine ou de remaniements post-chirurgicaux.
- Exploration limitée aux corps étrangers superficiels.

Image échographique d’un épillet à la sonde linéaire

Photographie de l’épillet correspondant après retrait

Image échographique de la préhension du corps étranger végétal (flèche) par la pince à corps étrangers ouverte (têtes de flèches)
Le retrait échoguidé des corps étrangers
L’échographie permet non seulement d’identifier mais également de retirer de nombreux corps étrangers migrants. De nombreuses études ont maintenant rapporté cette technique comme une alternative à l’intervention chirurgicale.
L’échographie, combinée à la radiographie, est une modalité essentielle pour la détection et le retrait des corps étrangers migrants superficiels chez les carnivores domestiques. Elle constitue une méthode diagnostic mais permet également le retrait, comme une alternative mini-invasive à la chirurgie. L’échographie reste dépendant dépendante des compétences de l’opérateur. Une détection et une prise en charge rapides sont essentielles pour minimiser les complications.