Chimiothérapie chez les animaux de compagnie : déroulement, effets secondaires et FAQ

Pauline DENOEUX

POINTS CLÉS

La chimiothérapie est une modalité thérapeutique majeure en oncologie vétérinaire, utilisée à but palliatif ou curatif
Le vétérinaire oncologue instaure le protocole personnalisé pour l'animal et l'ajuste au fur et à mesure selon l'efficacité observée et la tolérance de l'animal
Des effets secondaires restent possibles, ils sont connus et anticipés pour que l'animal vive au mieux le traitement

Introduction

La chimiothérapie est un traitement couramment utilisé en médecine vétérinaire pour lutter contre certains cancers chez les animaux de compagnie, notamment les chiens et les chats. Contrairement aux idées reçues, ce traitement est souvent mieux toléré chez les animaux que chez les humains. Cet article vous explique en détail le déroulement d’une séance de chimiothérapie, les effets secondaires possibles et répond aux questions fréquentes.

Déroulement d’une séance de chimiothérapie

1. Consultation et planification du traitement

Avant de débuter la chimiothérapie, une consultation avec un vétérinaire oncologue est nécessaire. Celui-ci valide l'indication de chimiothérapie et propose un protocole basé sur les données scientifiques actuelles et adapté en fonction :

  • De l'examen clinique approfondi de l'animal, de ses comorbidités
  • De son tempérament
  • Des analyses sanguines
  • Du type de cancer
  • Du stade de la maladie et de l'objectif (palliatif ou curatif) du traitement.

2. Préparation de l’animal

Avant chaque séance :

  • L’animal est examiné afin d'écarter tout contre-indication à la séance prévue (troubles digestifs, maladie infectieuse, progression du cancer nécessitant une modification du protocole...)
  • Il est pesé avec précision
  • Une prise de sang est effectuée, si possible à la veine jugulaire, afin de s'assurer de vérifier que les paramètres hématologiques et biochimiques soient permissifs

3. Administration de la chimiothérapie

Les médicaments de chimiothérapie peuvent être administrés sous différentes formes :

  • Intraveineuse (IV) : la plus courante, nécessitant un cathéter pour administrer le médicament en toute sécurité. Une sédation légère peut être administrée pour les animaux stressés.
  • Orale : sous forme de comprimés ou de gélules.
  • Sous-cutanée ou intramusculaire : pour certains protocoles spécifiques.

La durée d’une séance varie de 5 à 45 minutes selon le produit administré. L’animal est surveillé durant toute l’intervention.

4. Surveillance post-traitement

Après l’administration :

  • L’animal reste en observation pour détecter d’éventuelles réactions immédiates.
  • Les traitements de confort sont administrés au besoin (antinauséeux)
  • En France, la loi impose de garder l'animal en hospitalisation 24h après sa séance, afin d'éliminer les urines et les selles dans une filière d'élimination de déchets spécifiques. L'objectif est de protéger son entourage et l'environnement.
  • Un suivi vétérinaire est essentiel pour ajuster le protocole si nécessaire.

Effets secondaires possibles

Contrairement aux humains, les animaux tolèrent généralement mieux la chimiothérapie, car les doses sont ajustées pour limiter les effets indésirables. Toutefois, certains effets secondaires peuvent parfois survenir :

1. Troubles digestifs : 3 à 5 jours après la séance

  • Vomissements, nausées , perte d'appétit passagère (fréquents mais modérés).
  • Diarrhée.

2. Immunosuppression : 5 à 21 jours après la séance

  • Diminution des globules blancs, augmentant le risque d’infections.
  • Fatigue générale.

Des suivis sanguins réguliers sont prescrits par l'oncologue afin de suivre l'évolution des globules blancs et d'éviter que des baisses trop sévères soient régulièrement observées. En cas de fièvre ou baisse de forme après une séance de chimiothérapie une consultation est nécessaire en urgence. Des antibiotiques sont parfois nécessaires.

3. Irritation au site d’injection : quelques heures à 1 semaine après la séance

  • Rougeur, gonflement, plaie ou douleur localisée sur le site d'injection.

Prendre une photo, contacter le vétérinaire oncologue et suivre les consignes indiquées: selon le produit, application de chaud, de froid, ou d'une pommade sur prescription.

4. Toxicités spécifiques 

Certains agents de chimiothérapie peuvent exposer à des toxicités spécifiques, par exemple :

  • Cardiaques (doxorubicine, chez le chien)
  • Rénales (doxorubicine/mitoxantrone chez le chat, Cisplatine)
  • Hépatiques (Lomustine)
  • Vésicales (Cyclophosphamide, chez le chien)

C'est le travail du vétérinaire oncologue d'évaluer le rapport/bénéfice risque du traitement et de mettre en oeuvre le suivi régulier de sa tolérance.

FAQ : Questions Fréquentes

1. L'animal va-t-il souffrir pendant la chimiothérapie ?

Non, l'administration du traitement n'est pas douloureuse. Les doses sont ajustées au mieux pour minimiser les effets secondaires. L'objectif de la chimiothérapie est d'apporter un bénéfice à l'animal en améliorant ou en maintenant sa qualité de vie.

2. Le chien ou chat traité va-t-il perdre ses poils ?

La perte de poils est rare, sauf pour certaines races spécifiques (Bichons, Chiens au poil laineux) chez qui le pelage peut se raréfier au fil des séances.  Il est assez commun que les chats perdent leurs moustaches pendant le traitement. Dans tous les cas, cela est temporaire et repousse après la chimiothérapie.

3. Quelle est la durée d’un traitement de chimiothérapie ?

La durée dépend du type de cancer et du protocole choisi, allant de quelques semaines à plusieurs mois.

4. Peut-on arrêter la chimiothérapie en cours de traitement ?

Oui, mais cela doit être discuté, car des reports de séance répétés ou une interruption précoce du protocole peuvent réduire l’efficacité du traitement.

5. L'animal doit-il être à jeun pour sa séance ?  

Oui, pour son confort, il est souvent préférable que l'animal soit à jeun pour la séance, sauf indication contraire.

6. L'animal peut-il avoir une vie normale pendant la chimiothérapie ?

Oui, la plupart des animaux continuent à mener une vie normale avec quelques ajustements (alimentation adaptée, suivi vétérinaire).

7. Un chien présentant une mutation sur un gène de sensibilité médicamenteuse (MDR1 / ABCB1) peut-il être traité par chimiothérapie ?  

Oui, mais cela nécessite d'adaptater les doses et les agents de chimiothérapie choisis. De nombreux agents de chimiothérapie sont concernés (vinblastine, vincristine, doxorubicine, mitoxantrone).

Il est donc fondamental de prévoir un test chez les races à risque en amont des séances.

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