L’ostéosarcome appendiculaire chez le chien


POINTS CLÉS
Introduction
L’ostéosarcome est la tumeur osseuse primaire la plus courante chez les chiens. Elle affecte principalement les os longs des membres et est caractérisée par la production d’os immature ou d’ostéoïde par des ostéoblastes malins. Ce cancer agressif et douloureux demande une prise en charge rapide et adaptée.
Qu’est-ce que l’ostéosarcome canin ?
L’ostéosarcome est une tumeur maligne qui se développe dans l’os. Plus rarement, on la retrouve en surface de l’os ou dans les tissus mous en dehors du squelette, et ces formes se comportent différemment. Plusieurs sous-types histologiques sont décrits, incluant les formes ostéoblastiques, chondroblastiques et télangiectasiques, chacune ayant ses propres spécificités. Le sous-type télangiectasique notamment, est souvent très lytique et hémorragique. Il peut poser des difficultés diagnostiques et serait susceptible de se comporter de manière plus agressive. Toutefois, en l’état actuel des connaissances, la prise en charge thérapeutique reste la même.
Facteurs de risque
Les grands chiens sont particulièrement vulnérables, avec des races comme le Rottweiler, le Dogue Allemand et le Lévrier Irlandais souvent affectées. L’âge est un autre facteur, avec un risque accru chez les jeunes adultes (1,5-2 ans) et les chiens âgés. La stérilisation précoce (< 1 an) pourrait également augmenter les risques, probablement en raison de son impact hormonal sur la différenciation des ostéoblastes. Enfin, des ostéosarcomes peuvent émerger près d’implants ou de fractures anciennes : la tumeur se développe alors dans une localisation atypique, souvent diaphysaire, à proximité de l’implant. L’incidence reste toutefois très faible.
Signes cliniques et diagnostic
La boiterie, souvent associée à une douleur et une déformation du membre, est le symptôme principal. Les sites les plus fréquemment touchés incluent le radius distal et l’humérus proximal. Radiographiquement, l’ostéosarcome apparaît comme une lésion osseuse agressive généralement unique. On note parfois un triangle de Codman (décollement périosté), parfois une fracture pathologique. Ces caractéristiques ne sont toutefois pas spécifiques de l’ostéosarcome et peuvent être communes à d’autres sarcomes osseux ou aux ostéomyélites fongiques.
L’examen cytologique peut suffire au diagnostic dans un contexte clinique et radiographique évocateur, et lorsque la lyse corticale est suffisamment sévère pour permettre une ponction à l’aiguille. Il ne peut pas, en revanche, suffire à exclure un diagnostic de tumeur osseuse. Lorsque l’incertitude persiste, une biopsie est recommandée. L’acte de biopsie expose toutefois à un risque de générer une fracture.
Le bilan d’extension est recommandé, des métastases pouvant être retrouvées prioritairement dans les poumons, les os, et de manière plus anecdotique dans les nœuds lymphatiques, l’abdomen ou la peau.
Options thérapeutiques
Lorsque le bilan d’extension est négatif, le traitement standard associe une amputation large du membre atteint et une chimiothérapie adjuvante (souvent à base de carboplatine) débutée rapidement après l’intervention. Cette approche améliore significativement la survie médiane, qui passe de 5 mois avec l’amputation seule à environ 10-14 mois avec une chimiothérapie.
Si plus de 70% des chiens ainsi soulagés d’un membre douloureux retournent à leur niveau d’activité pré-amputation, une évaluation orthopédique reste recommandée au préalable pour s’assurer de la bonne tolérance de la procédure.
Alternatives conservatrices
Pour les chiens incapables de supporter une amputation (chiens obèses, déjà préalablement amputés, souffrant de comorbidités orthopédiques ou neurologiques) des options telles que la chirurgie conservatrice pour le membre ou la radiothérapie dite « stéréotactique » sont disponibles. Ces solutions nécessitent une sélection minutieuse et comportent des risques comme les infections ou les fractures pathologiques. Elles offrent de meilleurs résultats en étant associées à la chimiothérapie.
Les traitements comme la cimentoplastie, les biphosphonates, les médicaments antalgiques ou la radiothérapie palliative peuvent être utilisés pour réduire la douleur et/ou renforcer l’os, mais ne ralentissent pas l’évolution du cancer
Pronostic et suivis
Malgré les traitements, le pronostic reste réservé en raison du fort potentiel métastatique de cette tumeur, avec des métastases détectées chez 90 % des chiens au moment du décès. Un suivi rigoureux, reste essentiel pour adapter le traitement.